CHAMBRE DE COMMERCE DES FEMMES ENTREPRENEURES D’HAITI
PORT-AU-PRINCE
TERMES DE REFERENCE
POUR LE RECRUTEMENT DE QUATRE AGENT.ES DE MOBILISATION SOCIALE
PROJET SPOTLIGHT/GRAND’ANSE
La Chambre de Commerce de Femmes Entrepreneures d’Haiti « CCFEH » créée en 2015 et lancée officiellement en mars 2016, désire recruter quatre Agents.es de mobilisation sociale.
- Contexte
Résultant d’un partenariat conjoint entre l’Union Européenne (UE) et L’Organisation de Nations Unies (ONU), l’initiative Spotlight, a pour but ultime de contribuer à l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles dans le monde, tout en misant sur une approche inclusive pour les groupes marginalisés. Le programme pays Spotlight Haïti, veut non seulement créer un cadre permettant de protéger les femmes et les filles contre les violences sexuelles, mais aussi, assurer une prise en charge holistique des survivantes de violence. Pour arriver à ce résultat, l’initiative Spotlight entend mettre en œuvre un ensemble formée d’approches, de stratégies et d’actions pour prévenir la violence et protéger les femmes et les filles contre les violences familiales, qui constituent le thème central pour Haïti.
Consciente de la nécessité d’impliquer différents acteurs dont la portée des actions impacte la vie du groupe cible, l’initiative Spotlight mise sur le mouvement féminin et fait de ce dernier l’un des six (6) piliers qui forment sa théorie du changement. Globalement, par ce pilier, ce programme veut contribuer à accroître l’influence et la capacité des groupes de défense des droits des femmes, les mouvements sociaux autonomes et les OSC pertinents, y compris ceux qui représentent les jeunes et les groupes confrontés à des formes multiples et croisées de discrimination/marginalisation, à faire progresser plus efficacement les droits des femmes, les droits humains en général et la lutte contre les violences contre les femmes et les filles.
Ces dernières années, les organisations féminines et féministes sont assez actives dans la réponse aux VFFF et la défense des Droits des Femmes et des filles, dans un environnement globalement difficile, marqué par la démobilisation structurelle et la systématisation des logiques centrifuges.
Premièrement, la dynamique de ces organisations laisse entrevoir une couverture effective du territoire national avec de fortes disparités dans la répartition spatiale des interventions.
Deuxièmement, du point de vue des activités opérationnelles, on note qu’elles s’orientent prioritairement vers des actions de faible ampleur suivant des démarches qui ne s’inspirent pas ou peu des résultats de la recherche opérationnelle, au détriment de celles de grande ampleur, qui offrent une protection holistique aux survivantes et à leurs membres/personnels dont la sécurité et l’intégrité physique sont souvent menacées, etc.
Troisièmement, compte tenu des faiblesses institutionnelles, de la faible capacité d’action collective et opérationnelle des OSC, elles éprouvent des difficultés à engager des actions synergiques pour influencer durablement les dynamiques sociales, et ainsi qu’à mobiliser davantage les ressources financières pour assurer leur pérennité. Cependant, ces associations développent des aptitudes et compétences qui font leur force, qui pourraient être capitalisées dans le cadre d’un programme de structuration. Il s’agit de leur présence et activisme dans les zones rurales qui offre des opportunités pour réaliser un réel impact sur le changement social, de la qualité et de l’engagement des ressources humaines, de leurs capacités à développer des partenariats stratégiques avec les milieux politiques. Ces forces comportent un revers qui est leur difficulté à mobiliser et à gérer efficacement les fonds, la faiblesse de leur capacité d’action collective qui doit être corrigée dans la perspective de l’accroissement de leur influence, leur faible capacité de plaidoyer et de lobbying, et leur faiblesse à suppléer aux difficultés opérationnelles de l’Etat dans les domaines sociaux.
Dans son souci de mieux équipée les organisations concernées dans leur travail de plaidoyer, de mobilisation et de militance, le programme veut, en premier lieu, renforcer les capacités organisationnelles en misant sur des outils clés tels le développement organisationnel, le management associatif, le renforcement des capacités et le Management des Programmes et Mobilisation des Fonds pour les associations de jeunes, des femmes et des personnes exposées aux formes multiples de discrimination. Deuxièmement, le programme entend renforcer les capacités d’actions collectives en promouvant la nécessité de faire des alliances avec des corporations de la société civile, la mise en place d’espaces de rencontres, de dialogue intergénérationnel, d’animation d’une plateforme nationale, l’appui au renforcement de la concertation nationale entre les acteurs féminins d’une part, et avec les pouvoirs et les autorités communautaires d’autre part, ainsi que l’appui à la mise en œuvre des activités en lien avec l’influence des mouvements de jeunesse sur les questions des droits humains. En dernier lieu, pour s’assurer de l’amélioration de la redevabilité, le programme prévoit des subventions en cascade pour soutenir des initiatives pour accroître la redevabilité des acteurs publics sur les droits humains, l’organisation d’un atelier national de renforcement des capacités des groupes féminins locaux sur la redevabilité des pouvoirs publics et des acteurs sociaux, sans oublier qu’il prévoit soutenir la participation des femmes à l’EPU et a l’évaluation de la CEDEF.
C’est donc dans ce contexte que la Chambre de Commerce des Femmes Entrepreneures d’Haïti (CCFEH) a décidé de proposer une offre technique et financière dans le cadre de cet appel à proposition de ONU Femmes en vue de renforcer la capacité institutionnelle des organisations féminines, féministes et les OSC dans le département de la Grand’Anse et du sud. En vue de l’efficacité de ses actions, elle octroiera des sous-contrats à trois organisations dont les actions réalisations respectives permettront de mieux asseoir notre plan d’action. En premier lieu, nous nous allions à Nègès Mawon, une organisation nationale travaillant spécifiquement sur les violences faites aux filles et aux femmes. En second lieu, nous avons une entente avec APS « Ann Pale Seksyalite » qui œuvre dans l’éducation sexuelle et des droits de la personne humaine elle se composera avec la CCFEH dans le cadre du renforcement des organisations de base. En dernier lieu, nous comptons collaborer avec AGIRAD « Agir Aujourd’hui pour Demain », dont la mission principale est d’accompagner des jeunes mamans, en leur dotant d’un métier manuel et en leur aidant à démarrer une petite entreprise.
C’est dans cette optique que ce présent document est conçu pour répondre à cette demande.
- Justification du mandat
Les mouvements sociaux en Haïti, particulièrement les mouvements féministes et/ou de femmes jouent un rôle majeur dans la prise en compte d’actions stratégiques en matière de genre et pour les intérêts des femmes et des filles. Les actions mises en place par les organisations de ces mouvements, prennent un caractère le plus souvent militant même si d’autres combinent militantisme, recherche et autres. Toutefois, pour ce qui est des organisations féministes ou de femmes, il a été observé des faiblesses au niveau de leurs structures en termes de potentiels à pouvoir peser dans la balance politique et des jeux de pouvoir pour influencer et leur faire accepter dans un environnement déjà hostile à l’émancipation réelle des femmes et des filles et la déconstruction du modèle patriarcal au sein des communautés, rendant aussi victimes les hommes. En tant qu’organisations, elles ne sont pas épargnées de ce labyrinthe ainsi que de ce contexte de délabrement des forces vives du pays où tout a été mis à nu et à pied. Pour résumer, la plupart du temps, la logique du sauve, de travailler de façon disparate est de mise en lieu et place d’une stratégie de vision et de réussite collectives.
Malgré leur présence au niveau national ou sous-national, leurs actions n’arrivent pas toujours bien s’étendre et par conséquent avoir des résultats en profondeur en lien aux problématiques et dynamiques sociales dans lesquelles elles évoluent vu leur mode de fonctionnement, leur incapacité à travailler en synergie, à mutualiser leurs efforts en termes de complémentarité. Ce problème a aussi sa racine dans le niveau de compétences des équipes dirigeantes, qui souvent, pratiquent des formes de coordination basée sur le paternalisme ou non démocratiques, ne favorisant pas l’acceptation d’idées novatrices des membres. Ces lacunes représentent un obstacle pour leur permettre de jouer leurs rôles d’organisations accompagnatrices de manière stratégique des communautés dans le cadre des actions liées à la prise en compte de l’autonomisation des femmes, les problématiques de genre, et plus particulièrement des actions pour éradiquer les violences faites aux femmes.
Il a été demandé dans le cadre de cette offre technique de pouvoir présenter un travail de restructuration et de renforcement des organisations au niveau local à pouvoir se prendre en charge, devenir autonomes et de servir de catalyseurs réels au sein de leurs communautés pour des changements radicaux au bénéfice des femmes et filles ainsi que des jeunes et groupes marginalisés. Une attention particulière doit être mise sur les stratégies de réseautage, de synergie, d’acquisition de compétences de base pour développer leurs capacités d’influence, lobbying, de collecte de fonds. Il est aussi à les aider à comprendre l’identification des forces, faiblesses, menaces et opportunités au niveau de leurs environnements afin de pouvoir faire pérenniser leurs actions et aller de l’avant avec des solutions novatrices et innovantes.
Notre proposition, à travers son pilier 6, répondra aux exigences du projet de combler ces profondes lacunes constatées en termes de développement des organisations en matière de gouvernance, de planning/exécution de projet, de gestion financière, le plaidoyer, les actions de lobbying, la mobilisation de ressources, la mobilisation de ressources financières et d’autres aspects liés aux compétences techniques pour leur bonne performance. De faibles connaissances et/ou de compétences presque inexistantes au sein de ces structures.
En effet par rapport à notre compréhension du mandat, nos actions d’intervention en vue de renforcer la capacité des cibles passeront par :
- La formation et atelier de renforcement de compétences des organisations après la réalisation d’une cartographie assorti d’un diagnostic organisationnel.
- La mise en place d’espaces de rencontres et de dialogue intergénérationnel, de plaidoyer et d’animation d’une plateforme nationale en vue de créer des espaces de discussions et de synergies d’actions entres les acteurs intervenant dans la lutte contre VFFF et de défenses des droits des femmes et des filles.
- La pérennisation des activités entreprises et la mise en place en d’un atelier national dans le but de soutenir la redevabilité des pouvoir publics et des acteurs sociaux.
- La favorisation la participation des femmes à l’EPU et la mise en place d’un MOOC management pour renforcer les capacités managériales des organisations et combler leurs lacunes techniques et opérationnelles.
- Zones d’intervention
La CCFEH est une association de dimension nationale. Elle a déjà travaillé à renforcer les compétences de plusieurs groupements féminins dans plusieurs points sur le territoire national. Cependant dans le cadre de cette initiative, elle juge nécessaire de concentrer ses actions au niveau du département de la Grand’Anse et du Sud en vue de faire plus d’impact. Pour ce faire, nous envisageons de travailler avec des organisations la Société Civile notamment des associations féministes, féminines, de jeunes et paysannes dans les 14 communes de la Grand’Anse. Ainsi, l’ensemble des 10 communes du Département de la Grand’Anse seront couvertes en termes de représentativité. Aucune circonscription ne sera délaissée car nous nous assurerons que la couverture soit globale. Pour certaines régions reculées, même des groupes moins structurés mais qui détiennent une certaine aura dans leur zone seront pris en compte.
- Objectifs de la mission
Les agent(e)s de mobilisation sociale s’occuperont de la collection des données sur le terrain ainsi que la mobilisation des parties prenantes sont primordiales en vue de participer dans tout le processus d’accompagnement au changement organisationnel.
- Responsabilités des agents de mobilisation
La cartographie assortie d’un diagnostic organisationnel est l’une des premières grandes activités sur le terrain dans le cadre de ce projet. Pour cette réalisation, nous avons besoin d’un(e) spécialiste en cartographie des organisations.
Sous la supervision du coordinateur de projet et le (la) spécialiste en cartographie des organisations, les agents de mobilisation s’engagent à l’application des tâches suivantes :
Tâches techniques
- Participer à la définition des stratégies et outils de mobilisation auprès des organisations concernées ;
- Délimiter les zones d’intervention avec l’appui du / de la coordinateur (trice) de projet pour chaque agent de mobilisation ;
- Intervenir sur le terrain auprès des organisations pour recueillir des informations avec les outils de mobilisation ;
- Dresser un rapport journalier de synthèse des activités auprès du coordinateur de projet ;
- Communiquer régulièrement avec le (la) cartographe pour la mise en veille des informations.
Tâches organisationnelles
- Définir les besoins en termes de matériels pour les travaux de terrains avec la CCFEH ;
- Assister à la réunion avec les parties prenantes concernant les éventuels changements d’ordre administratif sur le terrain ;
- Participer à la validation des rapports administratifs liés aux activités d’information, de formation et d’engagement à la communauté cibles.
- Produits attendus
Les agents de mobilisation fourniront les produits suivants :
- Document de délimitation des zones d’intervention sur le terrain ;
- Liste des participants aux séries d’animation sociale avec les représentantes des organisations communautaire de base ;
- Rapports d’enquête pour la mise en veille du système d’informations organisation ;
- Documents de classification des rapports journaliers de synthèse d’activités ;
- Communication sur des supports électronique des visuels (photos et vidéos) liés aux activités de terrain ;
- Compétences
Professionnalisme : Capacité d’animer les échanges avec les OCB, les organisations des femmes/féministes et de produire des fiches signalétiques des activités.
Communication : Capacité de communication orale et écrite dans les deux langues suivantes : Française et Créole haïtien.
- Qualifications et expériences
- Être un étudiant (Niveau Bacc + 3) en Sciences sociales (Sociologie, Psychologie et Communication sociale) ;
- Avoir au moins deux ans d’expérience dans les travaux similaires à l’animation sociale, de focus group et enquête de terrain ;
- Avoir au moins deux ans d’expérience dans les travaux de terrain liés au renforcement des capacités des organisations communautaire de base et celles des femmes/féministes ;
- Les candidatures féminines sont encouragées.
- Durée de la mission
La durée de la mission s’étend sur une période de 7 mois, à partir du mois d’août 2020.
- Dossier de candidature
Chaque candidat(e) qui postule devra soumettre :
- Un curriculum vitae (2 pages maximum)
- Une lettre de motivation
- Diplômes et/certificats d’études
- Au moins une lettre de référence d’une organisation dans la Grand’Anse.
Tous les documents ci-mentionnés devront être acheminé à l’adresse électronique suivante : recrutement@ccfeh.com au plus tard le 24 juillet 2020 (23 :59, heure d’Haïti)